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Le syndrome compartimental chronique antérieur (SCCA), aussi appelé syndrome de loge ou des loges, est une pathologie d’origine biomécanique, fréquente chez les coureurs débutants. Il s’agit d’une affection qui survient généralement dans la partie antérieure de la jambe, et se manifeste uniquement pendant l’effort, pour disparaître totalement après la course.
Symptômes caractéristiques
Le symptôme principal est une douleur localisée à l’avant de la jambe, qui apparaît progressivement après un certain temps de course, souvent accentuée par les montées, descentes ou changements de rythme. Cette douleur est décrite comme une sensation de pression, de tension ou de compression dans le muscle, accompagnée parfois d’un gonflement. Cela s’explique par l’augmentation du volume musculaire durant l’effort, dans un compartiment (ou loge) entouré de membranes rigides (aponévrose et membrane interosseuse) qui limitent son expansion. Cette restriction génère une pression interne importante, à l’origine de la douleur.
Signes associés
- Engourdissement et perte de sensibilité : notamment sur le dessus du pied, en raison de la compression des nerfs traversant la loge.
- Absence de signes cliniques au repos : ce qui peut rendre le diagnostic difficile sans un examen durant ou juste après l’effort.
- Perception de gonflement ou de jambe “pleine” : bien que non visible extérieurement, la sensation est très nette pour le coureur.
Différence entre le syndrome des loges et d’autres pathologies
Contrairement aux atteintes tendineuses ou osseuses, la douleur du syndrome des loges disparaît au repos, ce qui oriente le diagnostic. Les tests de pression intra-compartimentale, parfois pratiqués en milieu spécialisé, peuvent confirmer le diagnostic, bien qu’ils ne soient pas systématiques.
Quelles sont les causes du syndrome de loge ?
Le syndrome de loge survient principalement à cause d’un déséquilibre entre le volume musculaire à l’effort et l’espace disponible dans la loge musculaire. Plusieurs facteurs biomécaniques peuvent favoriser ce phénomène :
- Technique de course inadaptée : en particulier une attaque du talon, des foulées longues, une cadence trop faible (moins de 170 pas/min), ou une course “lourde” augmentant l’impact au sol. C’est pour ça que l’on associe souvent cette pathologie aux débutants, un coureur qui commence aura souvent tendance à avoir une cadence trop faible.
Chaussures mal adaptées : des chaussures trop rigides ou trop amorties peuvent limiter le fonctionnement naturel du pied et accentuer les contraintes sur le tibial antérieur. Attention si vous venez de changer vos habitudes en termes de chaussures de running, cela pourrait être un suspect tout à fait crédible. - Débutants ou reprise du sport : le SCCA est fréquent chez les coureurs peu expérimentés ou reprenant la course après une pause, avec des muscles encore peu habitués à l’effort prolongé. Il est important de garder une progressivité dans l’entraînement et de ne pas vouloir en faire trop, trop rapidement.
Quels traitements pour le syndrome de loge ?
Pour régler le problème à court terme nous vous proposons 6 conseils :
- Adapter la cadence : courir à environ 180 pas par minute permet de réduire l’impact au sol et de limiter les contraintes sur la loge antérieure.
- Modifier le style de course : attaquer le sol avec le médio-pied plutôt que le talon.
Changer de chaussures : opter pour un modèle plus léger, souple, avec un drop réduit (type minimaliste). - Alléger l’entraînement : éviter les descentes, les allures rapides et les longues sorties. Prévoir du repos entre les séances.
- Glace et anti-inflammatoires : ils peuvent soulager temporairement mais ne traitent pas la cause.
- Électrothérapie et massages : peu recommandés car ils n’ont pas prouvé d’efficacité durable.
À long terme, pour éviter les risques et récidives vous pouvez passer par une correction biomécanique durable. C’est la clé pour éviter les récidives. Cela passe par :
- Un travail sur la foulée (par exemple avec un coach ou un kiné du sport),
- Un renforcement du pied et du tibial antérieur,
- Une amélioration de la mobilité de la cheville.
En dernier recours, vous pourrez envisager la chirurgie (fasciotomie)? Quand la douleur persiste malgré les corrections, elle consiste à ouvrir la loge pour relâcher la pression. Cette option est aujourd’hui beaucoup moins fréquente qu’avant, grâce à l’efficacité des rééducations mécaniques.
Évidemment, on vous conseille avant tout de consulter un médecin du sport ou un kinésithérapeute, si possible spécialiste de la course à pied. L’auto-diagnostic est souvent limité et peut conduire à des erreurs.
Prévention, la meilleure des stratégies
Adopter une bonne technique de course dès le début est essentiel : cadence élevée, appui léger, chaussures adaptées. Ces simples ajustements permettent non seulement de prévenir le syndrome de loges, mais aussi de gagner en efficacité et en confort à l’entraînement.
Comme la majorité des pathologies en course à pied, le syndrome de loges est aussi souvent provoqué par une mauvaise quantification du stress mécanique et un entraînement qui manque de progressivité.
